La pratique de la voie

« Un maître en discipline monastique nommé Yüan interrogea Pai Chang Huai-Hai :
– Maître, vous appliquez-vous à pratiquer la Voie ?
– Oui
– Comment ?
– quand j’ai faim, je mange. Quand je suis fatigué, je dors.
– tout le monde ne fait-il pas les mêmes efforts que vous ?
– Non, pas de la même manière.
– Pourquoi ?
– quand ils mangent, ils pensent à cent choses différentes. Quand ils s’endorment, ils réfléchissent à mille problèmes. Voilà pourquoi ils sont différents de moi.
Le maître en discipline fut réduit au silence. »
Le goût du zen – Recueil de propos et d’anecdotes, Gallimard, 1993

Le puits d’eau vive

« Remarquez bien que chacune de nos âmes contient en quelque sorte un puits d’eau vive ; il y a en elle un certain sens céleste, une image de Dieu enfouie… Il est là, le Verbe de Dieu, et son opération actuelle est de dégager le sable de votre âme à chacun, pour faire jaillir votre source. Cette source est en vous et ne vient pas du dehors, car « le Royaume de Dieu est au-dedans de vous » (Lc 17,21). »

Origène (IVe siècle), Homélies sur la Genèse, 13.

La perle de grand prix

« La perle de grand prix gît profondément cachée.
Comme un pêcheur de perles, ô mon âme, plonge,
plonge profond !
Peut-être ne trouveras-tu rien la première fois ?
Comme un pêcheur de perles, ô mon âme,
sans te lasser, persiste et persiste encore,
plonge profond, toujours plus profond
et cherche !
Ceux qui ne savent pas le secret, se moqueront de toi,
Et tu en seras tout attristé ;

Mais ne perds pas courage,
pêcheurs de perles, ô mon âme !
La perle de grand prix est bien cachée,
cachée tout au fond.
C’est la foi qui t’aidera à trouver le trésor
et c’est elle qui permettra que ce qui était caché soit enfin révélé.
Plonge profond, plonge encore plus profond,
comme un pêcheur de perles, ô mon âme,
Et cherche, cherche sans te lasser ! »

Swâmi Paramânandra, XIXe siècle

Avoir un centre

« Une vie qui n’a pas de centre, c’est une vie qui n’a pas de sens. La paix (hésychia, pour les Grecs, shalom, pour les Juifs, shanti pour les Indiens), c’est d’être entièrement là…
Faites quelque chose sans être centré (distrait), faites la même chose en étant centré (attentif) – voyez la différence ! L’important, quelle que soit notre pratique, c’est d’être centré. (…)
Le centre n’est pas un point particulier du corps, mais une ouverture, un espace dans lequel nous accueillons tout ce qui est, avec lucidité, gratitude et compassion. Se tenir là où se tient l’astre, ou l’acte immobile, l’acte pur et premier, selon Aristote, « qui fait tourner la terre, le cœur humain et les autres étoiles »… Si ce n’est pas l’Amour, ça lui ressemble… » Jean-Yves Leloup, L’Assise et la marche, Albin Michel, 2011

Celui qui prie n’est jamais totalement seul

« Un premier lieu essentiel d’apprentissage de l’espérance est la prière. Si personne ne m’écoute plus, Dieu m’écoute encore. Si je ne peux plus parler avec personne, si je ne peux plus invoquer personne – je peux toujours parler à Dieu. S’il n’y a plus personne qui peut m’aider – là où il s’agit d’une nécessité ou d’une attente qui dépasse la capacité humaine d’espérer, Lui peut m’aider. Si je suis relégué dans une extrême solitude… ; celui qui prie n’est jamais totalement seul. » Benoît XVI, Spe Salvi, 32