Est-ce trop demander?

« Travailler à soi-même, ce n’est pas faire preuve d’individualisme morbide. Si la paix s’installe un jour, elle ne pourra être authentique que si chaque individu fait d’abord la paix en soi-même, extirpe tout sentiment de haine pour quelque race ou quelque peuple que ce soit, ou bien domine cette haine et la change en autre chose, peut-être même à la longue en amour – ou est-ce trop demander ? C’est pourtant la seule solution. Je pourrais continuer ainsi des pages entières. Ce petit morceau d’éternité qu’on porte en soi, on peut l’épuiser en un mot aussi bien qu’en dix gros traités. Je suis une femme heureuse et je chante les louanges de cette vie, oui vous avez bien lu, en l’an de grâce 1942, la énième année de guerre. » Hillesum, Etty, Une vie bouleversée.

Avoir un centre

« Une vie qui n’a pas de centre, c’est une vie qui n’a pas de sens. La paix (hésychia, pour les Grecs, shalom, pour les Juifs, shanti pour les Indiens), c’est d’être entièrement là…
Faites quelque chose sans être centré (distrait), faites la même chose en étant centré (attentif) – voyez la différence ! L’important, quelle que soit notre pratique, c’est d’être centré. (…)
Le centre n’est pas un point particulier du corps, mais une ouverture, un espace dans lequel nous accueillons tout ce qui est, avec lucidité, gratitude et compassion. Se tenir là où se tient l’astre, ou l’acte immobile, l’acte pur et premier, selon Aristote, « qui fait tourner la terre, le cœur humain et les autres étoiles »… Si ce n’est pas l’Amour, ça lui ressemble… » Jean-Yves Leloup, L’Assise et la marche, Albin Michel, 2011